•  Ces deux mariages ont été célébrés à Bouy le 18 mars 1930. La photo de la noce prise à Piney, m'a été aimablement prêtée par Daniel. Avec ses 90 printemps, il a gardé intacte sa prodigieuse mémoire des noms, et en quelques mots, il a l'art de faire revivre chacun des participants en présentant les traits marquants de leur personnalité, avec parfois une anecdote teintée d'humour à leur sujet.

    La plupart des photos de noces ne comportent malheureusement aucune annotation et restent ainsi anonymes. De ce fait, les descendants ne peuvent y porter un intérêt filial et ne souhaitent pas conserver ces encombrants documents.

    En ce qui me concerne, je ne suis pas insensible à l'héritage culturel que nous ont laissé nos aînés et je pense faire une œuvre utile par la diffusion de ce document qui rassemble deux familles bien connues et enracinées à Bouy depuis au moins deux siècles. La photo est complétée par le nom des 39  participants reconnus. A noter que les survivants, en ce mois de mars 2017 se comptent sur les premiers doigts de la main et je laisse aux lecteurs perspicaces le soin de deviner leur nom.

     

    Je remercie chaleureusement Daniel pour sa complaisante et instructive collaboration.

    Mariages Edgard Debouy et Madeleine Pitié, Horace Pitié et Andrée Creney

     

     

     

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    La vanne de Sorge - Un différend tenace Bouy - Rouilly

    Emplacement de la vanne de Sorge (23 avril 2014) 

     Sous peu, les ceusses qui ont connu la vanne de Sorge nous auront quitté et sa présence tombera dans l'oubli. Cela n'empêchera pas la fontaine de Rouilly de continuer de couler, distribuant généreusement son eau destinée à alimenter le marais de Bouy, somme toute, de moins en moins abondante, mais de plus en plus riche en nitrates.

    Bientôt soixante ans que nous allions les jeudis après-midi de printemps regarder les innombrables œufs de grenouille amassés sur les rives de l'étang de Sorge où l'eau stagnait jusqu'à fin mai. C'était l'époque, où nous entendions depuis le village les grenouilles du marias coâsser; les courlis, les chats- huants, les chouettes et autres rapaces nocturnes, pousser leurs cris divers...dans le même registre, que sont devenues les canes pétières qui ne quittaient pas les Nozeaux et le Champ aux oies durant leur migration?

    Il n'était pas rare d'y rencontrer un héron (rare à l'époque classé à juste titre nuisible) et des mouettes poussées par la tempête qui ne connaissaient pas encore les décharges publiques pour s'y gaver d'immondices. Les grues y faisaient parfois une halte, toute la gente volatile s'y nourrissait à bon compte.

    Le ruisseau, plus entretenu depuis belle lurette, débordait à qui mieux-mieux, se moquant ainsi des agriculteurs qui l'avaient étranglé avec une vanne calibrée au cm, planifié son écoulement à heures fixe et à des dates impératives. Il avait recouvré toute sa liberté censurée pendant quelques années par de savants hydrauliciens, appelés à rejoindre le royaume des taupes.

    Retrouver la vanne représentait une véritable expédition pour laquelle il fallait braver les interdits, principalement ceux de l'instituteur, toujours à l’affût de nos soit-disant écarts de conduite, lui si preste à punir, mais aussi après un délai de plusieurs jours de macération de la liste des forfaits dans son carnet noir coincé dan la pochette de sa blouse grise. Sans vouloir exagérer le propos, on peut, à posteriori qualifier cette démarche de cynique, non dépourvue d'un certain sadisme. Il faut dire que les courageux délateurs étaient nombreux, autant parmi ses élèves que des adultes animés des meilleures intentions du maintien de l'ordre public.  Ils n'aimaient pas les enfants.

    Paix à son âme, revenons à notre histoire de vanne.

    A défaut de témoins, seules les archives, lorsqu'elles existent, nous font ressusciter les constructions disparues, particulièrement celles, où l'administration a contrôlé leur édification.

    Vers 1840, des échanges assez vifs, via l'administration des Ponts et Chaussées, avaient déjà conduit le Préfet à prendre un arrêté, stipulant que les administrés de Bouy prennent à leur charge une part plus importante des frais occasionnés par la construction de la route de Bouy à la RN 60. Le conseil municipal de Bouy prétextait que cette dernière se situait en grande partie sur le finage de Rouilly. Ils étaient demandeurs des travaux de construction de cette route, suite aux difficultés rencontrées pour rejoindre Troyes ou Piney, les chemins de Merdron et de Tout y Faut étant bien souvent impraticables, eux-aussi. Quant aux habitants de Rouilly, ils ne s'estimaient pas concernés, étant donné que la plupart des terres situées dans les contrées voisines de la route étaient exploitées par les cultivateurs de Bouy. La pilule avait du être dure à avaler et laisser des rancunes tenaces.

    En 1873, les agriculteurs de Rouilly se concertèrent afin de créer une association syndicale destinée à la création de fossés de dessèchement sur six zones humides, dont celle située au bas de la contrée dénommée aujourd'hui "Le Buisson Graffin ". Un réseau important de fossés à ciel ouvert rejoignant le ruisseau avait permis d'assainir une quinzaine d'hectares. Pour obtenir une pente suffisante et faciliter la vidange des fossés, le curage fut prolongé en aval du pont de Sorge, tout au long des prés exploités par les « caïds » de Bouy : Mauffroy - Debouy – Thomas et consorts. Il est certain que ces travaux avaient perturbé les esprits suite à la mise en valeur des terres, jusque là quasiment incultes. Connaissant très bien jusqu'où peuvent conduire les convoitises exacerbées par la jalousie, il est fort probable que le curage du fossé, réalisé sans le consentement des riverains de Bouy, n'allait pas rester sans représailles sournoisement ourdies. La parade à l'audacieuse réalisation des gars de Rouilly n'allait pas tarder à surgir. Les protagonistes de Bouy sollicitèrent les mêmes services des Ponts et Chaussées pour les autoriser à implanter une vanne barrage à 80 m en aval du pont de Sorge, prétextant que l'abaissement du niveau du fossé allait assécher les prés et qu'ils ne pourraient plus récolter de fourrage sur 3 ha environ. L'emplacement non avoué de la vanne était bien destiné à contrarier l'écoulement des fossés situés en amont du pont de Rouilly, de plus il n'aurait pas permis d’irriguer les prés. La preuve flagrante de la mauvaise foi est attestée par le fait qu'ils ont construit la vanne 200 m en dessous du lieu initialement prévu. Les deux pétitions présentées par les administrés de Rouilly les avaient contraint à modifier leur projet. Ils se gardèrent bien d'en informer l'administration qui fut placée devant le fait accompli, lors de l'établissement du procès verbal de récolement des travaux. Craignant sans doute des représailles assorties de sanctions financières en dommages et intérêts, il abaissèrent le seuil de la vanne de 43 cm en dessous du niveau prescrit.

    On peut douter de l'efficacité de cette vanne vis à vis du bénéfice tiré de l'irrigation des prés, mais l'honneur était sauf. Les contraintes associées à son exploitation dissuadèrent très certainement ses utilisateurs de poursuivre son exploitation qui fut rapidement abandonnée. Elle aura servi principalement aux chasseurs comme lieu de franchissement du ruisseau.

    Les travaux connexes du remembrement en 1967 mirent fin à son existence, seul un poteau électrique à usage de passerelle témoigne son ancien emplacement.

     

     

    PIÈCE N°1

    Ministère des Travaux Publics - Département de l'Aube - Commune de Rouilly-Sacey

    Rivière de la Fontaine de Rouilly

    Barrage d'irrigation des prés de Sorge et divers

     PROCÈS -VERBAL DE VISITE DES LIEUX

    Le dix huit juin mi huit cent soixante dix sept.

    Nous soussigné, Ingénieur des ponts et chaussées,

    Vu la pétition présentée par M.M. Debouy, Mauffroy et consorts, le 17 avril 1877, tendant à obtenir l'autorisation d'établir, en travers du fossé d'écoulement de la fontaine de Rouilly, un barrage de retenue destiné à assurer l'irrigation des prés situés sur la rive gauche du dit fossé, lieux dits Sorge et la Berge.

    Vu les pièces de l'enquête à laquelle cette pétition a été soumise, conformément à l'arrêté de M. le Préfet en date du 9 Mai 1877 ;

    Vu le renvoi qui nous a été fait de ces diverses pièces par M. l'Ingénieur en chef, le 6 juin 1877 ;

    Nous sommes rendu sur place pour procéder à la visite des lieux.

    Par lettre en date du 11 juin 1877, nous avions fait connaître à M. le Maire de la Commune d Rouilly-Sacey l'époque et l'objet de cette visite, en le priant de donner à cet avis toute publicité. Nous avions même prévenu directement les Pétitionnaires.

    Étaient présents :

    Drié Martin adjoint de Rouilly, qui nous a déclaré s'être conformé à l'invitation contenue dans notre lettre ;

    Mauffroy Louis, Biétrix Nicolas, Emile Thomas, Debouy Isidore, Debouy Frédéric, Debouy Justin, Debouy Dominique, pétitionnaires.

    M.M.Léopold Baudouin, Drié Icard Fulgence, Parigot, Finot, Achille Baudouin, Thomas, A. Malatras, Icard, Thomas, Baudouin, Tisserant, J. Malatras, Grandnom, Ragon Emile, E. Tisserant, Malatras Alexandre, Jacquard, Grandnom, Malatras Frédéric, Gallois Eugène, Martinot, E. Dauvet et Tisserand Isidore.

    Et en présence des personnes sus-nommées,

    Nous avons fait connaître l'objet de notre visite et les circonstances qui l'on précédée.

    M.M. Mauffroy Louis, Biétrix Nicolas, Emile Thomas, Debouy Isidore, Debouy Frédéric, Debouy Justin, Debouy Dominique pétitionnaires, déclarent tant en leur nom qu'au nom de leurs co-intéressés, maintenir purement et simplement leur demande du 10 avril 1877.

    Le 18 juin 1877.

    Signé : Mauffroy, Debouy Frédéric, Isidore Debouy, Debouy, Debouy, Biétrix, et Thomas Emile.

    Nous avons choisi pour repère auquel seraient rattachées nos opérations le dessus du repère Bourdaloue scellé dans le couronnement de l'aqueduc du Pré l'Abbé établi sur laroute nationale n°60 au passage du ruisseau de la fontaine de Rouilly* et pour contre repère le dessus d'un tronc de peuplier qui se trouve sur la rive gauche du ruisseau à douze mètres en amont de l'emplacement choisi pour le barrage. Les altitudes du repère et du contre-repère sont respectivement 137 m 548 et 136 m 686.

    *Repère IGN J.D.N3 – 48 - 137,149m altitude déterminée en 1987.

    Et nous avons constaté ce qui suit :

    L'emplacement du barrage projeté se trouve à 545 mètres environ en aval de la route nationale n°60, ce barrage a pour objet l'arrosage de 5 ha 10 environ de prés appartenant aux pétitionnaires et qui sont devenus à peu près improductifs depuis les travaux qui ont eu pour effet d'abaisse notablement le niveau de l'eau dans la partie du ruisseau de la fontaine de Rouilly qui les longe. Deux fossés de dessèchement, ouverts et entretenus par les propriétaires de Rouilly dans le but d'assainir les terres humides de la contrée de la Planche, d'une superficie approximative de 15 Ha 30 a, viennent se décharger dans le ruisseau de la Fontaine, le 1er à 345 met le 2 ème à 80 m en amont de l'emplacement désigné pour le barrage. Dans l'emplacement du barrage, la rive gauche du ruisseau seulement appartient aux pétitionnaires.

    Il n'existe actuellement aucune retenue autorisée sur le ruisseau depuis son origine à la fontaine de Rouilly jusqu'à son confluent avec le ruisseau du marais de Bouy. On ne rencontre pas de passages à gué dans l'étendue possible du remous du barrage.

    Le ruisseau qui a été curé vers la fin de l'année dernière, est aujourd'hui dans un bon état d'entretien. Il tarit ordinairement chaque année pendant la saison des basses eaux. Son débit actuel n'est plus que de quelques litres par seconde. Les fossés de la Planche ont également été curés à la fin de l'année dernière ; ils sont aujourd'hui dans un assez bon état et complètement à sec sur tout leur parcours depuis quelque temps. Les terrains riverains du ruisseau de la Fontaine dans l'étendue du remous, se composent sur la rive gauche de prés ou de terres de culture qui sont d'anciens prés défrichés. Sur la rive droite, dont l'altitude est généralement plus élevée, on ne trouve guère que des terres arables. Dans le périmètre des prés à arroser, on rencontre quelques parties en culture provenant du défrichement d'anciens prés. Les fossés de la Planche traversent exclusivement des terres arable, sauf sur un longueur de 50 à 60 mètres vers son embouchure, les prés riverains du ruisseau de la Fontaine. Ainsi qu'on peut en juger par le plan des lieux, la prairie du ruisseau de la Fontaine est généralement très étroite, elle ne s'élargit qu'aux abords de l'ancien chemin des Romains.

    Les eaux livrées à leur cours actuel, se trouvent, dans l'emplacement désigné pour le barrage projeté à 1 m 352 au-dessous du contre-repère, c'et à dire à l'altitude 131 m 334. On a essayé, au moyen d'un barrage provisoire, à les relever à la hauteur demandée pour la retenue, mais cet essai, qui a duré près de 24 heures, n'a pas réussi à cause de la faiblesse du débit du ruisseau d'une part, et d'autre part à cause de la puissance absorbante des terrains en contact avec l'eau.

    Le pont existant sous le chemin de Bouy à Piney a 1 m de débouché linéaire, l'aqueduc de la route nationale n°60 n'a que 0 m 20 de débouché à la partie inférieure et de 0 m 50 à la partie supérieure. Le débouché de 1m peut être considéré comme suffisant en tous les cas.

    Nous avons ensuite engagé les parties intéressées à présente leurs observations.

    Les soussignés, propriétaires des terrains situés dans les contrées de la Planche, de Buisson Graffin, des Moreaux, de la roise Brochard etc, déclarent maintenir l'opposition, qu'ils ont formulée, lors des précédentes enquêtes, relativement au barrage d'irrigation que M.M. Mauffroy et consorts ont demandé le 10 avril dernier, l'autorisation d'établir.

    Signé : Léopold Baudouin, Drié, Icard Fulgence, Parigot, Finot, Achille Baudouin, Thomas, Malatras, A. Malatras Icard, Thomas, J. Malatras, Grandnom, Jacquard Grandnom, E. Tisserant, Malatras Alexandre, Malatras Fréderic, Gallois Eugène, Martinot, Tisserand et Dauvet.

    M.Tisserand Isidore se joint aux opposants et a déclaré ne savoir signer.

    M. Drié Martin, adjoint au Maire de la commune de Rouilly, déclare, dans l'intérêt de la commune s'associer aux protestations formulées ci-dessus.

    Le 18 juin 1877

    Signé Drié

    PIÈCE N°2

    PLAN GÉNÉRAL 

    La vanne de Sorge - Un différend tenace Bouy - Rouilly

     

    L'emplacement initial de la vanne était prévu à 80 m du chemin de Bouy à Piney 

    PIÈCE N°3

    PROFIL EN LONG

    La vanne de Sorge - Un différend tenace Bouy - Rouilly

    Extrait du plan projet 

    PIÈCE N°4

    Ministère des Travaux Publics - Département de l'Aube - Commune de Rouilly-Sacey

    Rivière de la Fontaine de Rouilly

    Barrage d'irrigation des prés de Sorge et divers

     

    RÈGLEMENT D'EAU

    Cours d'eau non navigable

    PROJET DE RÈGLEMENT

    Article 1er

    M.M. Debouy, Mauffroy, Thomas et consorts sont autorisés à établir, au travers du ruisseau de la Fontaine de Rouilly, un barrage destiné à assurer l'irrigation des prés qu'ils possèdent, lieux dits Sorge, dans la commune de Rouilly-Sacey, département de l'Aube.

    Article 2.

    Le niveau légal de la retenue est fixé à un mètre six-cent quarante huit millimètres (1m648) en contre-bas du dessus du repère Bourdaloue scellé dans le couronnement de la tête amont de l'aqueduc du pré l'Abbé établi sur la route nationale n° 60 : point pris pour repère provisoire, soit l'altitude de Cent trente cinq mètres neuf cent millimètres (135m900)

    Article 3.

    Le barrage se composera d'une vanne mobile transversale établie à quatre vingt mètres (80,00) en aval du chemin de Bouy à Piney et qui présentera une surface libre de six mille six cent dix centimètres carrés             ( 0m,6610) au dessous du niveau de la retenue. Elle aura son seui à deux mètres trois cent neuf millimètres (2m309)en contre-bas du repère provisoire et présentera une largeur libre totale de un mètre (1m.0). Le sommet de cette vanne sera dérasé dans le plan de la retenue. Elle sera disposée de manière à pouvoir être facilement manœuvrée et à se lever au dessus du niveau des plus hautes eaux.

    Article 4.

    Le barrage d'irrigation ne fonctionnera qu'au printemps de chaque année, que du 1er Mars au 15 Juin, et soixante douze heures par semaine, savoir, du lundi à 6 heures du matin au mardi 6 heurs du soir et du vendredi à 6 heures du matin au samedi à 6 heures du soir. Les irrigations que l'état du ruisseau rendrait possibles, après la 1ère récolte des foins, pourront être pratiquées, dans les mêmes conditions de temps que ci-dessus, du 15 Juillet inclusivement au 15 Septembre inclusivement.

    Article 5.

    L'irrigation sera dirigée de telle sorte que les eaux surabondantes soient rendues au cours naturel et qu'elles puissent se déverser sur les propriétés limitrophes. En dehors des p ériodes d'irrigation, la vanne devra demeurer constamment levée à jour.

    Article 6.

    (les articles qui suivent sont pré-imprimés, c'est pourquoi il subsiste des termes inappropriés au présent projet).

    Un repère définitif et invariable du modèle adopté, dans le Département sera posé près de l'usine, en un point qui sera désigné par l'Ingénieur. Ce repère, dont le zéro indiquera seul le niveau légal de la retenue, devra toujours rester accessible, aux Ingénieurs et aux agents de l'administration chargés de la police des eaux. Le Permissionnaire ou son Fermier seront responsables de la conservation du repère définitif, ainsi que des repères provisoirs  jusqu'à la pose du repère définitif.

    Article 7.

    Dès que les eaux dépasseront le niveau légal de la retenue, le Permissionnaire ou son Fermier seront tenus de lever les vannes de décharge pour maintenir les eaux à ce niveau, et les ouvrir au besoin en totalité. Ils sront responsables de la surélévation des eaux, tant que leurs vannes ne seront pas levées à toute hauteur. En cas de refus ou de négligence de leur part d’exécuter cette manœuvre en temps utile, il y sera procédé d'office et à leurs frais, à la diligence du Maire de la Commune, et ce, sans préjudice de l'application des dispositions pénales dont ils seraient passibles, ou de toute action civile qui pourrait leur être intentée, à raison des pertes et dommages résultant de ce refus ou de cette négligence.

    Article 8.

    Toutes les fois que la nécessité en sera reconnue et qu'ils en seront requis par l'autorité administrative, le Permissionnaire ou son Fermier seront tenus d'effectuer le curage à vif-fond et à vieux bords du bief de la retenue, dans toute l'amplitude du remous, sauf l'application des règlements ou des usages locaux, et sauf le concours qui pourrait être réclamé des riverains, suivant l'intérêt que ceux-ci auraient à l'exécution de ce travail. Lesdits riverains pourront d'ailleurs, lorsque le bief ne sera pas la propriété exclusive des Permissionnaires, opérer, s'ils le préfèrent, le curage eux-mêmes et à leur frais, chacun au droit de soi et dans la moitié du lit du cours d'eau.

    Article 9.

    Le permissionnaire sera tenu de se conformer à tous les règlements intervenus ou intervenir sur la police, le code de distribution et le partage des eaux.

    Article 10.

    Les droits des tiers sont et demeurent expressément réservés.

    Article 11.

    Les travaux ci-dessus prescrits seront exécutés sous la surveillance des ingénieurs ; ils devront être terminés dans le délai d'une année à dater de la notification de l'arrêté à intervenir. A l'expiration du délai ci-dessus fixé, l'Ingénieur rédigera un procès-verbal de récolement aux frais du Permissionnaire, en présence de l'autorité locale et des parties intéressées dûment convoquées. Si les travaux sont exécutés conformément à l'arrêté d'autorisation, ce procès-verbal sera dressé en deux expéditions. L'une de ces expéditions sera déposée aux archives de la préfecture, la seconde à la mairie du lieu.

    Article 12.

    Faute par le Permissionnaire de se conformer, dans le délai fixé, aux dispositions prescrites, l'administration se réserve, suivant les circonstances, de prononcer la déchéance du Permissionnaire ou de mettre son usine en chômage ; et, dans tous les cas, elle prendra les mesures nécessaires pour faire disparaître, aux frais du Permissionnaire, tout dommage provenant de son fait, sans préjudice de l'application des dispositions pénales relatives aux contraventions en matière de cours d'eau. Il en sera de même dans le cas où, après s'être conformé aux dispositions prescrites, le Permissionnaire formerait quelque entreprise nouvelle ou changerait l'état des lieux sans y être préalablement autorisé.

    Article 13.

    Le Permissionnaire ou son Fermier ne pourront prétendre à aucune indemnité ni dédommagement quelconque, si, à quelque époque que ce soit, l’administration reconnaît nécessaire de prendre, dans l'intérêt de la police et de la répartition des eaux, des mesures qui privent, d'une manière temporaire ou définitive, de tout ou partie des avantages résultant de la présente autorisation, tous droits antérieurs réservés.

    Dressé par l'Ingénieur ordinaire soussigné,                     Vérifié par l'Ingénieur en chef soussigné,

    A Troyes le 25 juillet 1877                                                A Troyes le 7 août 1877

     

    signé L.A. Colin                                                                 xxx

     PIÈCE N°5

    1 er RAPPORT DE L'INGENIEUR ORDINAIRE

     L'Ingénieur ordinaire soussigné

    Vu la pétition en date du 10 Avril 1877 par laquelle MM Debouy Mauffroy et consorts propriétaires des prés situés sur le territoire de Rouilly Sacey lieux-dits Sorge et la Berge demandent l'autorisation d'établir en travers du ruisseau de la fontaine de Rouilly et contre le pré de M Mauffroy, l'un des pétitionnaires un barrage d'irrigation retenant les eaux d'une hauteur inférieure de 0 m10 à celle qui a été expérimentée le 22 Mars dernier, lequel barrage fonctionnerait du premier mars au premier juin de chaque année, trois jours par semaine du lundi matin à 6 heures au mardi soir à 6 heures et du vendredi matin à 6 heures au samedi soir à 6 heures et resterait constamment levé en dehors des périodes d'arrosage.

    Vu les lois et règlements sur la matière,

    Vu les lieux,

    Considérant que la demande actuelle bien qu'ayant le même but qu'une demande analogue présentée antérieurement par les mêmes pétitionnaires et retirée apr eux à la suite d'une visite des lieux du 22 Mars dernier, se distingue de celle-ci par la précision et la netteté des détails et une réduction importante dans la hauteur de retenue réclamée, qu'elle se présente ainsi dans des conditions sérieuses et régulières, qu'elle est toutefois de nature à soulever des observations de la part des tiers.

    Est d'avis qu'il y a lieu de soumettre la dite demande d'enquête de vingt jours à Rouilly Sacey XXXX de la situation des lieux, laquelle enquête sera en même temps publiée à Bouy Luxembourg.

    A Troyes le 1er Mai 1877

    Signé L.A. Colin

    Lu et adopté par l'Ingénieur en Chef soussigné, A Troyes le 9 Mai 1877

     

     

    2ème RAPPORT DE INGÉNIEUR ORDINAIRE

    Conformément aux propositions qui précèdent et en vertu d'un arrêté préfectoral du 9 Mai 1877, la pétition de M.M. Debouy, Mauffroy et consorts a été du 11 au 31 du même mois soumise dans la commune de Rouilly, à une enquête de 20 jours qui a été en même temps publiée à Bouy Luxembourg. Le 18 Juin suivant il a été procédé à une visite des lieux.

    Le ruisseau qui borde les prés des pétitionnaires, dit des prés de Sorge prend son origine à la fontaine de Rouilly située, vers la limite des terrains argileux et des terrains crayeux, à 1700 m environ en amont de la route nationale 60 et vient après un parcours total de 3 à 4 kilomètres se jeter dans le ruisseau des marais de Bouy qui peut être considéré comme l'origine du Longsols.

    Dans l'emplacement choisi pour l'établissement du barrage, à 540m en aval de la route nationale 60, les pétitionnaires ne possèdent que la rive gauche du ruisseau, un chemin rural formant la rive droite

    La fontaine de Rouilly et quelques autres petites sources qui en grossissent le produit tariisent tous les ans au moment des chaleurs, qu'il est même arrivé qu'à la suite d'hivers peu humides, elles sont restées à sec pendant l'année entière. Le ruisseau qu'elles forment n'est jamais bien considérable ou soumis à des crues rapides. Son lit se développe suivant le talweg peu accusé d'une petite plaine de terres humides, coupée successivement par la route Nationale N° 60 et par le chemin de Bouy à Piney, dont fait partie une contrée de 7 à 8 hectares de prés situés principalement en aval de ce dernier chemin, sur la rive gauche du ruisseau et appartenant presque exclusivement à des habitants de Bouy et d'Onjon, tandis que les terres arables humides situées en amont, appartiennent pour la majeure partie à des habitants de Rouilly.

    Dans la partie supérieure de son cours, le ruisseau de la fontaine de Rouilly sert de collecteur à divers fossés d'assainissement ouverts par les propriétaires de Rouilly et dont l'entretien est confié à un syndicat tout nouvellement constitué.

    Il y a 25 ans, le lit de ce ruisseau laissait beaucoup à désirer sous le rapport de l'entretien, comblé presque entièrement en certaines parties de son développement, il déversait pendant la période d'écoulement, ses eaux sur les propriétés riveraines, de telle sorte que les terres arables demeuraient presque entièrement stériles tandis que les prés arrosés abondamment fournissaient des récoltes abondantes. Les curages réitérés qui ont été faits depuis sur l'initiative de la Municipalité de Rouilly ont complètement changé l'état des choses, aujourd'hui, les terres arables assainies produisent en abondance, tandis que les prés desséchés outre mesure ne donnent plus qu'un rendement insignifiant. Si l'on ajoute aux détails qui précèdent que sur la commune de Rouilly appartenant presque totalement à la région des argiles tégulines, les prairies naturelles abondent tandis que les terres arables sont en majeure partie humides et froides, et que à Bouy dont le territoire appartient exclusivement à la région crayeuse, les prairies naturelles sont très rares et les terres arables trop desséchées, on aura l'explication du dissentiment profond qui pendant tout le cours de cette affaire n'a cessé d'exister à l'état aigu entre les pétitionnaires de Bouy qui veulent refaire des prés productifs et les opposants de Rouilly qui craignent de voir compromettre les efforts et les dépenses qu'ils ne cessent de faire pour l'assainissement de leurs terres. En deux mots,

    la création d'un barrage pour l'irrigation des prés de Sorge peut s'appeler la lutte des terrains crétacés contre les terrains argileux.

    Dans l'état actuel des choses, on ne rencontre, sur le ruisseau de la Fontaine, ni retenue autorisée, ni passages à gué pouvant être incommodés par la création de la retenue projetée.

    Nous compléterons cet exposé de la situation en faisant connaître que, dans les pièces de prés appartenant aux pétitionnaires et représentant une surface de 4 h 08, se trouvent enclavées d'autres pièces d'une contenance totale de 1 h 20 appartenant à des propriétaires qui, jusqu’ici, n'ont point adhéré explicitement au projet de création d'un barrage d'irrigation.

    Les diverses enquêtes et visites des lieux auxquelles ont donné lieu la pétition actuelle et une pétition antérieure du 8/9/1877 tendant au même but, ont mis en évidence de la façon la plus tranchée, les deux catégories d'intérêt en jeu dans l'affaire. D'un côté les propriétaires des prés demandent avec persévérance la création d'une retenue pour remédier aux inconvénients d'un trop grand dessèchement de ces prés, mais en même temps se préoccupant de la situation des terres arables et visiblement insuffisamment par le nombre et l'ardeur de leurs adversaires, ils cherchent à désarmer ceux-ci en accompagnant leur demande de divers tempéraments basés sur les strictes besoins de l'irrigation, en même temps que les légitimes moyens de l'assainissement. Mais les habitants de Rouilly n'admettent aucune transaction et uniquement préoccupés de la conservation des avantages acquis de leur travaux et leurs sacrifices antérieurs, et, refusant par là même de se prêter à la recherche des moyens de concilier les besoins de l'irrigation avec ceux de l'assèchement, ils s'opposent de la façon la plus absolue, dans des déclarations multiples à la création de toute retenue, quel qu’en puissent être la hauteur et l' emplacement. En présence d'un désaccord aussi complet, le déversoir de l'administration est tout trouvé. C'est, sans tenir compte de la résistance des opposants de dégager la vérité des exagérations passionnées, et de faire leur part légitimes aux intérêts en présence.Tout d'abord, les études faites sur les lieux ont permis de reconnaître que, parmi les contrées dont l'assainissement doit se trouver compromis, d'après les allégations sans preuve des opposants de Rouilly, une seule est réellement intéressée par la création et au fonctionnement d'un barrage pour l'irrigation des prés de Sorge; celle de la Planche renfermant d'après les états du syndicat de Rouilly, 14 h 30 de terrains humides asséchés par deux fossés venant confluer avec le ruisseau de la Fontaine entre la route Nationale N° 60 et la route de Bouy à Piney. Le 2ème de ces fossés traverse des terrains presque sans pente et offrant même sur la rive gauche (Profil IV), une dépression où l'eau, dans les saisons humides, ne s'écoule que très difficilement à cause de l’élévation des bords du fossé. Bien que à la rive des lieux, du 18 Juin, il n'ait pas été possible à cause de la faiblesse du débit du ruisseau, d'expérimenter devant les intéressés le niveau de retenue demandé nous avons pu constater plus tard, en examinant les profils du terrain, que la conciliation des 2 intérêts opposés, d'après les règles tracées par l'administration dans la circulaire du 23 octobre 1851, n'est point un problème insoluble. Cette constatation justifie en principe, la prise en considération de la demande de MM Debouy, Mauffroy et consorts. Il n'y a pas d'ailleurs en présence des dispositions des lois des 29 Avril 1847 et 11 Juillet 1847 sur les irrigations, à s'arrêter aux objections que l'on pourrait baser sur le défaut de possession des deux rives dans l'emplacement du barrage, et sur l'existence des terrains à arroser, de terrains ne participant pas à l'irrigation. Il y aura là, simplement au point de vue pratique, une difficulté que les pétitionnaires ont du prévoir et qu'ils peuvent écarter simplement en remplaçant certaines formalités et en exécutant quelques travaux assez simples.

    Le niveau de la retenu demandé (136 m 010) ne présente aucun inconvénient pour les terrains riverains du ruisseau de la Fontaine et du 1er fossé de la Planche ; mais il n'est pas de même du 2ème fossé de la Planche si le remous produit s'étend au delà du profil I et atteint 0 m 091 au droit du profil IV où le fond de la dépression se trouverait à 0 m 02 au dessous du niveau de l'eau. Cette submersion apparente, quelque restreinte qu'en fût le champ, eût sans doute soulevé, de la part des propriétaires de Rouilly, des récriminations ardentes qu'il parait prudent d'éviter, et nous proposons dans ce but, de placer le niveau légal de la retenue à l'altitude (135 m 900 ) soit 0 m 011 au dessous du niveau indiqué par les pétitionnaires le remous produit par cette retenue ne s'étend guère au delà du profil III dans le 2ème fossé de la Planche et, au droit du profil IV, n'atteint que la hauteur insignifiante de 0 m 024 qui laisse au plus bas de la « suppression » dépression, une surélévation de 0m 05 et peut d'autant mieux être négligée qu'il ne s'agit que d'une surface de terrain peu importante et présentant une dépression exceptionnelle (20 ares sur 15 h 30 indiqués plus haut).

    Le niveau que nous proposons d'adopter ne permettra pas, il est vrai, d'arroser d'une façon complète, la partie supérieure des prés des pétitionnaires, mais en revanche, il ne compromettra pas l'assainissement de la contrée de la Planche et enlèvera toute apparence de raison aux récriminations des propriétaires de cette contrée.

    Le barrage projeté ne devant fonctionner que d'une façon intermittente, il n'y a pas lieu, d'après une décision ministérielle d'imposer aux permissionnaires la construction d'un déversoir.

    En conséquence, le barrage se composera uniquement d'une vanne mobile disposée de manière à conserver au ruisseau, quand elle sera relevée, sa largeur et sa profondeur normales.

    Dans le but de conciliation et bien qu'aucune circonstance ne rendît un partage d'eau obligatoire, les pétitionnaires ont demandé spontanément que la durée de fonctionnement de leu barrage fût restreinte à trois jours par semaine, pendant les deux mois de Mars ET d'Avril. Rien ne paraît s'opposer à ce que ces dispositions soient insérées dans des articles du règlement à intervenir.

    Bien que les pétitionnaires ne se soient pas préoccupés des irrigations d'été, que le tarissement du ruisseau rend presque toujours impossible, nous pensons qu'il n'y a point d'inconvénient à en réserver la faculté aux permissionnaires, pour le cas où, le régime du ruisseau venant à se modifier,l'écoulement se maintiendrait pendant l'été. Cette réserve d'ailleurs, en raison de l'époque de l'année à laquelle elle peut s'appliquer ne saurait alarmer les propriétaires de Rouilly.

    Il convient en outre que des prescriptions spéciales rappellent aux pétitionnaires l'obligation qui leur incombe d'ordonner leurs arrosages de manière à ne pas submerger les propriétés voisines.

    Les observations qui précèdent sont résumées dans un projet de règlement que nous proposons de soumettre à une enquête publique de 15 jours dans la commune de Roully Sacey, laquelle enquête sera publiée en même temps à Bouy Luxembourg.

    A Troyes le 25 Juillet 1877

    L'Ingénieur ordinaire

    Signé L.A. Colin

    Vu et adopté par l'Ingénieur en chef soussigné

    Troyes le 7 Août 1877

    XXX  

    3ème RAPPORT DE L’INGÉNIEUR ORDINAIRE 

    A l'occasion de l'enquête N°2 de 15 jours qui a été ouverte du 14 au 28 Août dernier, 60 propriétaires de Rouilly, y compris le Maire de cette commune, ont déclaré maintenir et pour les mêmes motifs l'opposition qu'ils ont faite jusqu'à ce jour à la demande des propriétaires de Bouy ; Ils accorderaient toutefois aux pétitionnaires la liberté d'établir leur barrage à 180 m en aval de l'emplacement adopté.

    Aucun motif d'opposition n'ayant été présenté en dehors de ceux précédemment produits, il n'y a pas lieu de rentrer dans la discussion à laquelle nous nous sommes livrés à ce sujet.

    Quant à la modification de l'emplacement proposé en dernier lieu par les opposants, il est impossible d'en apprécier la portée puisque l'on indique pas en même temps si elle doit entraîner une modification, et la quelle, dans le niveau proposé pour la retenue légale du barrage d'irrigation.

    (texte barré dans le rapport)

    En conclusion, l'Ingénieur soussigné propose de convertir en règlement définitif le projet de règlement tel qu'il a été soumis à l'enquête.

    A Troyes le 29 Novembre 1877

    Signé L.A. Colin

    Vu et adopté par l'ingénieur en Chef soussigné

    Troyes le 30 Novembre 1877

    xxx

    4ème RAPPORT DE INGÉNIEUR ORDINAIRE

    Dans une lettre du 8 octobre dernier adressée à Mr le Maire de Rouilly Sacey, Mr le Préfet de l'Aube a exprimé le désir que les opposants de cette commune examinent attentivement le projet de règlement présenté par les Ingénieurs les 25 Juillet - 7 Août 1877 et fissent connaître, sur chaque point du projet, les motifs, de leurs oppositions, M. le Maire de Rouilly était également invité à justifier en détail son opposition à la demande de M.M. Debouy, Mauffroy et consorts.

    Déférant à l'invitation de M. le Préfet de l'Aube, les opposants se sont réunis le 3 Janvier 1878; mais au lieu de préciser leurs griefs contre le projet de règlement ainsi qu'ils leur était recommandé, ils se sont bornés à reproduire d'une manière vague leurs objections antérieures sans tenir compte de ce que la retenue proposée en dernier lieu se trouve à 0 m 11 en contre bas de celle qui a été demandée dans la pétition du 10 Avril 1877 et à 0 m 21 en contre bas de celle qui, à la suite d'une pétition du 8 Novembre 1876 avait été expérimentée devant eux le 22 Mars 1877.

    On rencontre le même vague dans l'avis formulé par M. le Maire de Rouilly qui, sans tenir compte de l'abaissement de 0 m 21 de la retenue primitivement expérimentée et des indications fournies par les profils du terrain, trouve la retenue proposée trop élevée, réclame de nouvelles expériences et le déplacement du barrage projeté.

    La nouvelle enquête provoquée par Mr le Préfet  de l'Aube n'ayant fourni aucun argument nouveau et décisif contre les dispositions étudiées et proposées par les Ingénieurs, le soussigné conclut de nouveau à ce que le projet de règlement, tel qu'il a été soumis aux enquêtes, soit converti en règlement définitif.

    Troyes, le 19 janvier 1878. L'Ingénieur 

    Signé L.A. Colin

    Vu et adopté par l'Ingénieur en Chef soussigné

    Troyes, le 21 Janvier 1878

    xxx

     

     PIÈCE N°6

    ARRÊTÉ

    Nous, Préfet du département de l'Aube,

    Sur le rapport de l'Ingénieur en cher des ponts et chaussées :

    Vu la pétition en date du 10 avril 1877, par laquelle M.M. Debouy, Mauffroy et consorts, propriétaires de prés situés sur le territoire de Rouilly-Sacey, lieux dits Sorge et la Berge, demandent l'autorisation d'établir en travers du ruisseau de la fontaine de Rouilly et contre le pré de M. Mauffroy, l'un des pétitionnaires, un barrage d’irrigation ;

    Vu les pièces de l'instruction régulière à laquelle l'affaire a été soumise conformément aux circulaires des 19 thermidor an 6,, 16 novembre 1834 et 23 octobre 1851, et notamment :

    Les procès verbaux des enquêtes auxquelles cette pétition a été soumise du 11 au 31 mai et du 14 au 28 août 1877 ensemble les réclamations qui y sont consignées et l'avis de M. le Maire de Rouilly-Sacey ;

    Vu les nouvelles observations présentées par les réclamants et M. le Maire de Rouilly, à la date du 3 janvier 1878,

    Le procès-verbal de visite des lieux et les rapports dressés par les Ingénieurs des ponts et chaussées les 1er - 7 mai, 28 juillet, 7 août, 29 – 30 novembre 1877, 19 – 20 janvier 1878 ;

    Le plan des lieux et profils annexés ;

    Vu les lois du 30 août 1790, 6 octobre 1791, et l'arrêté du Gouvernement du 19 ventôse an 7 ; vu le décret du 25 mars 1852 ;

    ARRÊTONS :

    Idem pièce n°4, articles 1 à 13

    Article 14.

    Expéditions du présent arrêté seront adressées :

    1° à M. le Maire de Rouilly – Sacey, pour notification aux permissionnaires,

    2° à M. l'Ingénieur en chef des ponts et chaussées chargé d'en assurer l'exécution,

    3° à M. le Ministre des travaux publics.

    Troyes, le 26 janvier 1878

    P. le Préfet : le Secrétaire Général, signé Brunet

     

    Pour expédition : le Secrétaire Général

     

     PIÈCE N°7

    RAPPORT DE L’INGÉNIEUR ORDINAIRE 

    L'Ingénieur ordinaire soussigné.

    Vu la délibération en date du 11 août 1878, dans laquelle le Conseil Municipal de Rouilly - Sacey, après avoir exposé que le barrage d'irrigation des prés de Sorge a été construit dans des conditions préjudiciables aux riverains, qu'ainsi le seuil de la vanne de ce barrage se trouve placée à une hauteur de 0 m 65 au - dessus du plafond normal du ruisseau, demande que l'Administration vérifie dans un bref délai, l'état actuel du barrage et ordonne les travaux nécessaires pour assurer le libre passage des eaux et éviter le renouvellement  des dommages dont les propriétaires riverains ont eu droit de se plaindre;

    Vu les lois et règlements sur la matière et notamment l'arrêté préfectoral du 25 janvier 1878 portant règlement du barrage d'irrigation des prés de Sorge, lequel arrêté n'a été notifié aux intéressés que le  4 mars dernier;

    Vu les lieux:

    Considérant qu'il résulte de renseignements pris sur place que le seuil du barrage d'irrigation nouvellement construit forme effectivement, sur le plafond normal correspondant du cours d'eau, un saillie considérable, que les intéressés sont fondés à se plaindre de cette dérogation aux dispositions réglementaires qui, bien que ne pouvant pour le moment, occasionner la submersion des propriétés riveraines tend à accélérer l'envasement dudit ruisseau et à rendre plus onéreux les frais d'entretien.

     Considérant d'ailleurs que la saillie dont il vient d'être question paraît devoir être uniquement attribuée à une fausse interprétation des dispositions réglementaires par les permissionnaires et que ceux-ci avertis de leurs erreurs, ont spontanément manifesté l'intention de reconstruire  que leur barrage dans mois de septembre prochain en se conformant strictement aux dispositions réglementaires que, dans ces conditions et alors que le délai d'exécution des travaux du barrage n'est pas encore expiré, que le ruisseau est entré dans sa période de  tarissement et que les droits des tiers demeurent réservés en tout état de cause, il ne paraît pas nécessaire de proposer contre les permissionnaires du barrage des mesures répressives. 

    Est d'avis qu'il y a lieu d'informer M. le Maire de Rouilly qu'il sera procédé administrativement au récolement des ouvrages du barrage d'irrigation des prés de Sorge à l'expiration du délai d'exécution des travaux, c'est à dire le 4 mars 1879 ou peu après; que les permissionnaires, avertis de ce que leur construction actuelle offre de défectueux, se proposent de refaire prochainement en se conformant aux prescriptions réglementaires: et que, en tout état de cause, les tiers, dont les droits sont expressément réservés, peuvent obtenir devant les tribunaux la réparation des dommages dont ils auraient à souffrir par suite de l'inobservation du règlement du 25 janvier 1878.

    A Troyes le 30 Août 1878 - L'Ingénieur Ordinaire 

    Signé L.A. Colin

    Vu et adopté par l''Ingénieur en chef soussigné

    Troyes, le 31 Août 1878

    xxx

      PIÈCE N°7 bis

     PREFECTURE DE L'AUBE

    Nous Préfet du Département de l'Aube,

    Vu la pétition du 20 février dernier par laquelle les Srs Thomas, Debouy et consorts propriétaires à Bouy-Luxembourg, demandent la prorogation jusqu'au 1er septembre prochain du délai qui leur avait été accordé pour l'exécution des travaux du barrage d'irrigation des prés de Sorge.

    La proposition de M.M. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées, en date des 11, 12 mars courant; 

    ARRÊTONS :

    Article 1.

    Le délai stipulé dans l'article 11 de l'arrêté préfectoral du 25 janvier 1878, intervenu pour réglementer le barrage dont il est parlé dans la pétition sus-visée est prorogé jusqu'au 15 avril prochain.

    Article 2.

    A l’expiration de ce dernier délai, un procès-verbal de récolement sera dressé aux frais des permissionnaires du barrage des prés de Sorge, pour être ensuite, par l'administration statué ce qu'il appartiendra.

    Article 3.

    Les droits des tiers sont et demeurent expressément préservés.

    Article 4.

    Expéditions du présent arrêté sera adressée à M. le Maire de Bouy-Luxembourg pour notification aux permissionnaires et à M. l'Ingénieur en chef, pour en surveiller l'exécution.

    Troyes, le 14 mars 1879 -  Le Préfet Rebourg

    PIÈCE N°8

    PROCÈS-VERBAL DE RÉCOLEMENT

    Le trente avril mil huit cent soixante dix-neuf.

    Nous soussigné, Ingénieur des Ponts et Chaussées,

    Vu l'arrêté préfectoral du 25 janvier 1878 portant règlement du barrage d'irrigation des prés appartenant à M.M. Mauffroy, Debouy et consorts et notifié aux permissionnaires le 4 mars 1878;

    Vu l'arrêté préfectoral du 14 mars 1879, prorogeant au 15 avril dernier le délai d'exécution préalablement fixé;

    Vu notamment l'article 1 du dernier arrêté portant que les travaux prescris devront être terminés le 15 avril 1879;

    Nous sommes rendus sur les lieux pour procéder au procès verbal de récolement desdits travaux.

    Par lettre du 24 avril dernier, nous avions fait connaître à M. Le Maire de la Commune de Rouilly - Sacey l'époque et l'objet de cette visite, en le priant de donner à cet avis toute publicité, et de prévenir spécialement:

          Nous avons prévenu nous-mêmes les pétitionnaires;

    Étaient présents:

    M.M. Debouy Isidore, Mauffroy Louis, Debouy Courtois et Debouy Justin permissionnaires.

    Et en présence des personnes susdénommées, nous avons constaté ce qui suit:

    DISPOSITIONS PRESCRITES (en noir)

    DISPOSITIONS EXÉCUTÉES (en bleu)

    Article 3.

    Le barrage sera composé d'une vanne mobile transversale établie à quatre vingt mètres (80 m) en aval du chemin de Bouy à Piney et qui présentera une surface libre de six mille six cent dix centimètres carrés           (0 m² 6610) au dessous du niveau de la retenue;

    Le barrage se compose d'une vanne mobile transversale  établie à 280 m en aval du chemin de Bouy à Piney et présentant une surface libre de un mètre carré neuf cent quatre vingt centimètres carrés ( 1 m² 0980) au dessus du niveau de la retenue.

    Elle aura son seuil à deux mètres trois cent neuf millimètres (2 m 309) en contre-bas du repère provisoire et présentera une largeur libre totale de un mètre (1 m) 

    Elle a son seuil à deux mètres sept cent quarante six millimètres (2 m 746) en contre-bas  du repère provisoire et présente une largeur libre totale de un mètre (1 m).

    Le sommet de cette vanne sera dérasé dans le plan de la retenue.

    Le sommet de cette vanne est dérasé à quatre cent dix-huit millimètres (0 m 418) en contre-bas du niveau légal de la retenue.

    Elle sera disposée de manière à pouvoir être facilement manœuvrée et à se lever au-dessus du niveau des plus hautes eaux. 

    Elle peut être facilement manœuvrée et se lever au-dessus du niveau des plus hautes eaux.

    Article 6.

    Un repère définitif et invariable adopté dans le département sera posé près du barrage en un point qui sera désigné par l'Ingénieur, de manière à être visible pour les tiers intéressés sans entrer dans la propriété. Ce repère dont le zéro indiquera seul le niveau légal de la retenue, devra rester accessible aux Ingénieurs et Agents de l'Administration chargés de la police des eaux.

    Un repère définitif du modèle adopté dans le département a été posé contre le bajoyer gauche du barrage de manière à être visible pour tous les intéressés. Le zéro de ce repère est placé à soixante-cinq millimètres (0 m 065) au dessous du niveau légal de la retenue.

    Et, après avoir donné lecture du présent procès-verbal aux personnes présentes, nous les avons invitées à signer avec nous.

    Signé: Frédéric Debouy, Isidore Debouy, Debouy Justin et Mauffroy.

    Et nous avons clos le présent procès-verbal.

    Rouilly-Sacey le 30 avril 1879, pour l'Ingénieur empêché. 

    Le conducteur des Ponts et Chaussées délégué.

    Vu par l'Ingénieur ordinaire,

     

    A Troyes, le 5 mai 1879 

     OBSERVATIONS ET AVIS

    Il résulte des constatations du procès-verbal de récolement ci-contre que les dispositions exécutées présentent par rapport aux dispositions prescrites, les différences suivantes:

    1° L’emplacement du barrage d’irrigation a été reporté à 200 m en aval.

    2° La surface libre de la vanne au dessous de la retenue excède de 0 m² 4370 la surface prescrite.

    3° Le seuil est placé à 0 m 437 au dessous du niveau prescrit.

    4° Le sommet de la vanne est dérasé de 0 m 48 au-dessous du niveau légal de la retenue.

    5° Le zéro du repère définitif est placé à 0 m 65 au dessous de ce même niveau. 

                     Ces dispositions vont être successivement appréciées.

    1° On peut dire que les 4 dernières sont les conséquences de la première, c'est à dire de la modification de l'emplacement indiqué au règlement pour le barrage d'irrigation. Les renseignements recueillis tant auprès des permissionnaires que de M. le Maire de Rouilly tendent à établir que ce déplacement a eu lieu pour complaire aux idées des opposants de Rouilly; il ne peut d'ailleurs être dommageable ni pour les prés de la rive gauche qui, entre les deux emplacements appartiennent exclusivement aux permissionnaires, ni pour le chemin latéral bordant à droite le ruisseau, attendu que cette voie présente constamment un contre-haut prononcé par rapport au plan d'eaux. Bien que, d'après ces explications la différence 1° puisse être admise sans inconvénient, il semble prudent toutefois d'en subordonner le maintien définitif aux réserves ordinaires.

    2° & 3°Le déplacement du barrage sans modification du niveau de la retenue dans l'emplacement primitivement adopté et l'établissement du seuil du barrage à la hauteur du plafond normal du ruisseau dans le nouvel emplacement ont eu pour conséquence obligée l'augmentation notable du débouché du superficiel de la vanne au dessous du niveau de la retenue, il ne peut résulter évidemment au delà, aucun inconvénient.

    4° Au moment de la construction du barrage, les pétitionnaires avaient pensé que quelque fût l'emplacement adopté, le seuil de la vanne devait être placé à la même altitude. Avisés de leur erreur, ils viennent de descendre le seuil à l'altitude convenable, mais la hauteur de leur vanne s'est trouvée insuffisante, de là la différence 4° qui  ne peut préjudicier qu'aux permissionnaires, eux-mêmes et que ceux-ci, d'ailleurs auront toujours le droit de faire disparaître en exhaussant leur vanne jusqu'au niveau du repère définitif. 5° Le zéro du repère se trouve déplacé de la hauteur que l'expérience a indiquée comme devant être celle de la retenue dans le nouvel emplacement pour que l'eau n’excède pas le niveau réglementaire dans l'emplacement adopté. Cette différence semble pouvoir être tolérée sous les mêmes réserves que la différence 1°.

    En résumé, nous sommes d'avis qu'il y a lieu de prononcer la réception des ouvrages du barrage d'irrigation des prés de Sorge tels qu'ils ont été exécutés, sous la condition qu dans le cas où  les différences signalées dans le procès-verbal de récolement donneraient ultérieurement lieu à des réclamations fondées, les permissionnaires serraient tenus de se conformer exactement à toutes les  prescriptions de l'arrêté réglementaire du 25 janvier 1878. 

    A Troyes, le 5 mai 187ç.

    Le conducteur - L. Morea

    ETAT DES LIEUX 

    La vanne de Sorge - Un différend tenace Bouy - Rouilly

                       

     

          Repère Bourdaloue

     La vanne de Sorge - Un différend tenace Bouy - Rouilly

     

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  • 9/02/2016

    Le livre des dépense courantes de l'exercice 1878 révèle le paiement en août par la commune d'un loyer de la Maison d'Ecole pendant la construction, pour un montant de 60 francs. On peut supposer qu'au cours de l'année scolaire 1877 - 1878, la première école avait du être démontée et la classe transférée dans un autre lieu appartenant à Charles Rondot.

     Construction de l'école

    Il apparaît effectivement que Charles Rondot possédait une maison située à l'extrémité de la Ruelle d'Enfer parcelle n° 1145. Elle a été démolie en 1891.

    Renseignements issus de la matrice des propriétés bâties au n°54. (Archives de l'Aube 3P 1077)

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    Photo aimablement prêtée parRené Aubry;

    Wanted: l'instituteur Roger Defer, grand absent sur toutes les photos, décédé à 90 ans le 13/09/2013.

    De haut en bas et de gauche à droite

    - Serge Chappaz, René Aubry, Bernadette Vignal, Michèle Defer, Christine Debert, Christian Chappaz, Patrick Rousseau, Hugues Robert.

    - Jeanne Meister, Monique Defer, Gyslaine Debouy, Joelle Debouy, Yvon Protat, Joel Robert, Evelyne Michel, Claude Debouy.

    - Jocelyne Vignal, Brigitte Debouy, Luc Robert, Daaniel Vignal, Régine Meister, Christianne Chappaz.

    - Francis Paillard, Guy Hutinet, Jean Louis Cousin, Alain Chappaz.

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